resolution de rentrée

Les bonnes résolutions de la rentrée : quels enjeux ?

À l’ère du numérique, nos bonnes résolutions de la rentrée ne se murmurent plus en secret devant un miroir. Elles s’affichent désormais en stories Instagram, se tweetent à grand renfort de hashtags et se partagent sur LinkedIn avec une solennité professionnelle. Cette perméabilité du privé vers le public peut révéler un phénomène de transformation de nos aspirations personnelles en performances sociales.


Le théâtre numérique des intentions


Publier ses résolutions sur les réseaux sociaux relève d’un mécanisme psychologique complexe que l’on pourrait qualifier de « mise en gage symbolique ». En exposant nos objectifs au regard de l’Autre numérique, nous créons une pression sociale qui devrait, en théorie, nous motiver à les tenir. Cette logique de l’engagement public s’appuie sur l’idée que la honte potentielle d’un échec visible nous poussera vers le succès.


Pourtant, cette stratégie peut cacher une dynamique plus complexe. La publication de nos résolutions devient souvent une fin en soi, procurant une satisfaction immédiate qui peut paradoxalement diminuer notre motivation à les réaliser. Le simple acte d’annoncer nos bonnes intentions génère déjà une forme de gratification sociale – likes, commentaires encourageants, réactions bienveillantes – qui peut, dans certains cas, suffire à apaiser notre besoin de changement.


Le surmoi collectif numérique


D’un point de vue psychanalytique, cette pratique soulève la question du « surmoi collectif numérique ». Les réseaux sociaux créent un environnement où nos désirs de transformation personnelle sont constamment confrontés aux normes et attentes de notre communauté virtuelle. Cette comparaison permanente avec des gens du monde entier peut être aussi stimulante que paralysante.


Le danger réside donc dans la confusion entre le processus authentique de changement personnel et sa mise en scène publique. Quand l’objectif devient de maintenir une image ou de l’embellir plutôt que de poursuivre une véritable transformation, nous écoutons plutôt un désir de validation de l’autre plutôt qu’un véritable désir de transformation personnelle.


L’authenticité retrouvée


Cela ne signifie pas qu’il faille bannir tout partage de nos aspirations. L’enjeu est plutôt de distinguer la recherche légitime de soutien social de la quête narcissique de validation. Une résolution partagée dans le cadre d’une recherche de soutien bienveillant diffère fondamentalement d’une annonce spectaculaire destinée à alimenter notre image de marque personnelle.
La véritable question n’est donc pas de savoir s’il faut ou non partager ses résolutions, mais plutôt : pourquoi le faisons-nous ? Cette introspection pourrait bien être la première – et la plus importante – de toutes nos bonnes résolutions.

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